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Saint-Pierre au Bangladesh
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Saint-Pierre au Bangladesh
16 décembre 2007

Le cyclone Sidr

Même si nous n'allons pas dans la région où il a frappé, le cyclone Sidr a entraîné la mort et la dévastation il y a juste un mois au Sud du pays. Willem nous raconte comment il a vécu cette catastrophe. cycloon2 Cette nuit, le cyclone Sidr a traversé le Bangladesh. Sa puissance incroyable a touché la population défavorisée qui vit sur la bande côtière. Même ici dans la capitale, à 200 kilomètres du centre de ce puissant cyclone, la violence de la tempête nous a effrayés… Dès le début, l’électricité a été coupée. Sidr avait complètement paralysé le réseau national. Cette panne a persisté pendant 24 heures. Pas d’électricité... donc pas d’internet, pas d’informations télévisées, pas de réseau Gsm dans les régions sinistrées… Les jours suivants, il n’y a pas eu de journaux, les rédactions ne pouvant pas travailler sans électricité. Au même moment, l’approvisionnement en eau s’est arrêté, les pompes électriques ne fonctionnant plus. Une situation bizarre, car on ne peut pas faire grand chose sans les services de base… Au Bangladesh, nous ne serons certainement pas informés sur les conséquences de ce cyclone. Vous en savez plus que nous! Au départ, le cyclone était à plus de 1000 kilomètres au sud de Chittagong. Il a soudain changé son parcours et pris la direction du Bangladesh. En moyenne, le pays est atteint une fois tous les dix ans par une grosse catastrophe naturelle. Les autres années, le Myanmar et la côte est de l’Inde ont été victimes de ces cyclones. Le plus récent avait atteint Orissa, un Etat situé au sud du West-Bengale. Depuis 1997, ici au Bangladesh, nous n’avions pas eu de cyclones. Les Indiens le disaient: « Maintenant, c’est au tour des Bangladeshis ». Malheureusement, ils ont eu raison. Les Sundurbans sont fortement touchés. C’est aussi le cas de la forêt de Mangrove qui constitue l’habitat des tigres du Bengale. Une partie importante de la force a été « attirée » par cette forêt inhabitée. C’est pour cette raison que la force du cyclone était déjà moindre au moment de frapper Mongla, Bagherhat et Khulna. Mais combien de pêcheurs ont-ils cherché refuge dans les canaux des Sundurbans? On ne le saura jamais. Ces pauvres gens qui partent pour des semaines et qui n’ont pas de radio… Personne n’aurait pu les avertir! La plupart d’entre eux sont morts, leur corps flotte vers l’océan et disparaîtra pour toujours… Néanmoins, en arrivant à Mongla, le cyclone avait encore assez de puissance pour détruire 50% des maisons (selon notre guide Bachchu, que je viens de contacter). D’autres cités, bien connues par les volontaires de la Fondation, ont été touchés, comme Pirojpur, Jhalakhati ou Morrelganj. Dans les villes, par là, on a facilement une population avoisinant les 300.000 personnes. Je ne cesse de penser aux pêcheurs habitant dans les huttes ou sur les digues situées au sud de Mongla. Je pense aussi aux habitants de Joinmony ou, en 2002, nous avons filmé le documentaire « Amar Bundhu, mon ami ». J’imagine toutes ces femmes sur cet îlot de Santa Maria. Ont-elles été accueillies dans un refuge pour se protéger? Le gouvernement prétend que 1.500.000 personnes ont été évacuées vers les 2.168 « cycloon-shelters ». D’autres sources ne comptent pas plus de 500.000 personnes… En tout cas, 10 millions de personnes habitent sur la zone côtière. Et personne n’a de nouvelles concernant les milliers d’habitants des îles «Char». Comme toujours, on ne connaitra jamais le nombre réel de morts. Dès le premier jour, il y avait déjà une différence importante entre le nombre officiel de 233 victimes et le nombre de 652 signalé dans les journaux. La presse raconte aussi qu’il n’y a pas encore d’informations concernant Pirojpur, Jhalakati, Barguna... Chaque heure le nombre officiel augmente. 2.000 morts, mais le bilan réel sera beaucoup plus élevé! Comme Sidr s’est frayé un passage par les Sundurbans, le Bangladesh a échappé à une catastrophe beaucoup plus importante. En effet, à Teknaf, à Cox Bazar et à Chittagong, vivent des milliers de Bangladeshis. Tandis que maintenant, les Sundurbans peu habitées ont servi de défense naturelle… Toute la nuit de vendredi, mes pensées étaient avec la population qui vit sur les digues de Mongla et Joinmony. J’espère qu’ils ont pu fuir à temps et qu’il n’y a pas trop de morts à déplorer… Voilà, l’électricité est de retour. Le premier journal avec les premières images terribles sont projetées sur l’écran. Le gouvernement se hâte d’annoncer des opérations de sauvetage. La vie reprend. Dans deux semaines, nous embarquons comme prévu avec notre groupe de cyclistes pour naviguer jusqu’au point de départ: Mongla. En cours de route, nous nous arrêterons à Jhalakati, Pirojpur, Barguna, Morrelganj. Il faut le savoir : nous serons impuissants… Les dégâts sont trop importants. Mais, peut-être, un petit cadeau ou quelques mots de consolation pourront-ils donner un peu de bonheur aux enfants, aux gens qui ont survécu à la catastrophe… Willem Gees
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