Journée remplie d'émotions et d'émerveillements...

Nous sommes partis ce matin à 7h30 de Mymensingh en plein brouillard. Nous avons escaladé à grand peine le chemin de fer où les trains sont bondés jusque sur les toits et avons longé des km durant le Brahmapoutre. Quelques visites aux marchands de thé locaux ont été nécessaires pour nous remettre sur la piste... Nous avons une fois de plus été émerveillés par les paysages magnifiques, remplis de couleurs et de douceur qui nous ont accompagnés de cette étape de 60 km. Le sourire des habitants nous a fait chaud au coeur surtout celui de centaines d'enfants qui bordaient les sentiers. A chaque fois que nous leur remettions des petits souvenirs ou des objets de première nécessité, c'était le bonheur total! La visite de l'hopital gouvernemental nous a par contre sidérés, les malades se trouvent dans des situations inhumaines. En début d'après-midi, nous avons découvert une briquetterie. Des tous jeunes enfants y sont surexploités mais gardent toujours le sourire et sont fiers de nous montrer leur travail. Nous sommes rentrés, après cette longue étape, à l'ONG où nous passerons 2 nuits. Notre sommeil sera bercé par les moments exceptionnels d'intensité que nous avons vécus.

Alice et Thierry

- Impressions sur la journée -

Pour moi le départ à été dur, mal au ventre et petites douleurs de la veille. On a visité une école où les élèves sont très disciplinés par rapport à nous... Cahiers parfaitement alignés, silence absolu, respect total de la maitresse alors que chez nous... :p

Parlons maintenant un peu de la circulation, non non je n'ai pas encore percuté une vache, mais il doit y avoir un bon dieu pour les cyclistes maladroits et si on dit de moi que je suis un danger plublic je me demande ce que sont les conducteurs locaux...

Alice

-Samedi 18h00

J’aurais pu sans peine évoquer les merveilleux sourires côtoyés tout au long de cette fabuleuse journée, les paysages à chaque tournant renouvelés, la brume sur le Brahmapoutre très tôt ce matin, le calme infini des villages isolés, les très nombreux thés avalés mais c’est une devinette que je vais vous poser…

Nous nous sommes arrêtés quelques instants dans une briqueterie à ciel ouvert et c’est le mélange de sentiments éprouvés durant ce moment que je me promet de ne jamais oublier qui me pousse à laisser de côté l’immense beauté du Bangladesh pour y revenir ce soir…

Sachant qu’un jeune garçon (parfois la moitié de l’âge des filles !) sait porter à lui seul un paquet de dix briques non cuites d’un coté de la route et que le trajet aller-retour n’excède pas quatre minutes, puisqu’il est effectué en courant, sachant aussi qu’aucun des adultes que nous sommes ne serait capable de cette prouesse physique ne fut –ce qu’une seule fois, sachant enfin que chaque trajet donne le droit à un ticket lui-même échangé contre 0,9 centime d’euros en fin de journée, combien de trajet ce même très jeune garçon devra-t-il effectuer pour gagner l’euro vingt centimes de salaire journalier et surtout combien de briques aura-t-il du transporter ?

J’ai toujours éprouvé une profonde aversion pour les problèmes et vous laisserai donc le soin de calculer mais c’est cela aussi la grandeur et la beauté du Bangladesh que de donner à ses enfants la force de sourire et même de rire en effectuant un travail qu’aucun d’entre nous n’aurait cru possible aujourd’hui n’importe où dans le monde, simplement pour le plaisir de montrer leur force et leur savoir faire aux visiteurs interloqués et profondément secoués que nous étions à ce moment là.

Pierre

Aujourd’hui, j’ai cru voir mon fils Mathieu, 10 ans. Ce n’était bien sûr pas lui mais un petit bengali qui n’a pas sa chance. Mathieu, appelons-le comme ça, travaille dans une briqueterie, court toute la journée avec six énormes briques sur la tête, il les apporte au four. Nous prenons une brique cuite en main, c’est très lourd. Une fois cette brique déposée, il court de l’autre côté de la route reprendre un autre chargement. Et c’est ce qu’il fera toute la journée, toute la semaine, toute sa vie sans doute. Son cou écrasé par cette charge énorme. Il ne boit pas entre ses courses, il ne s’arrête pas, personne ne s’indigne. Mathieu est sûrement très heureux de faire ce travail : il n’y en a pas d’autre pour lui.

Le borinage au 19^e siècle ? Non, une petite usine du Bangladesh en 2007…

Bernard

Etape Mymensingh - Netrakona

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